Des mots Éroticos... acte 2.
Cette photo
En apercevant cette photo, il y a quelques mois, je fus sidérée. Ce rouge rutilant, cette crinière dansante, cette liberté d'expression, cette espèce de folie et cette bouche si sensuelle me ramenaient tout droit à une certaine époque, à une autre vie en quelque sorte. Nostalgie. Non pas pour les raisons que vous croyez mais pour celles que moi seule peut comprendre. En apercevant cette photo, je l'ai trouvée d'une telle beauté, cette force de caractère qui émane suivie d'une dose de fragilité. Et ce regard, comment le définir?
Miss Cabotine
La chaise
Ce soir-là, j'avais une envie folle de me faire caresser. De me faire toucher. Une lubie. Des mains qui pétrissent mon corps. Une bouche qui m'aspire. Beurrer ses lèvres de mon intimité. Une âme lubrique. Des mots cochons susurrés à mon oreille. L'entendre jouir. Être submergée. J'avais envie d'un regard... le sien.
Miss Cabotine
Pour moi
La solitude produit l'originalité, la beauté audacieuse et étonnante, la poésie. Mais la solitude produit également la perversité, la disproportion, l'absurde et l'interdit.
[Thomas Mann]
C'était une nuit avec faille. L'insomnie me tenait éveillée depuis plus d'une heure. J'ai vérifié. Il m'avait écrit. Je ne sais jamais lorsque ses mots me parviendront. Le lire emporte mon âme dans un tout autre univers. Je m'évade. Ma tête s'énamoure de ses mots langoureux. Euphorie. Le lire fait jouir mon coeur. Mon doigté se glisse entre mes seins, trottine sur mon ventre, prends la direction de ma fente ruisselante. Je suce l'extrémité de mes doigts. Mes lèvres luisantes. Me rendormir.
Miss Cabotine
J'ai envie de lire ton sexe
Les yeux bandés
J'ouvre ta vulve
Je tâtonne intrigué
J'y déchiffre le sanscrit
J'y lèche la connaissance
J'entrouvre les pages de l'infini
L'éternel s'y love
Lavande
Et myosotis
J'écarte les pans de l'indicible
La fente m'éclaire sauvagement
Des sueurs laiteuses des charmes araméens des lustres abîmes des luxes
Les sucs évanescents cherchent ma bouche
La langue darde sa pointe éminemment
Et tes halètements sonnent comme le Russe ou les langues Slaves
Évidemment abandonnée
tu lis l'âme et tes lames l'air risque les silences si longs qu'ils s'échappent irisés
La lecture procure la détente
Bang! dans la nuit s'échappent
les stries claires et blanches
les raies folles et liquides
les cris de mon sexe
Tu y lis ma folie
Criante
Tu te retournes pour m'offrir la velure fauve et sombre de ton cul magnifique
Je ne lis plus
Je vis
Je te sens me lire
Quand même
Oui je me dépasse
Pour toi chère amour
Rien n'émeut l'ordre
Tout est l'art
Hormis l'or...
Écrit par A.
Reçu le vingt et un octobre 2014
Correspondance entre lui et moi
Dimanche soir
N'oublie jamais le désir que j'ai de te lire
et de te savoir lectrice de mes folies.
A.
Une envie subite
assis dans mon fauteuil
tes poignets attachés
aux appuie-bras
moi debout
mes pieds de chaque côté de tes cuisses
Ma chatte détrempée
ton regard
le mien
le désir d'unir notre chair
le bout de ta langue frôle
mon intimité
tu dévores ma cuisse
la droite
puis la gauche
tu t'empiffres comme une pute
Tu raffoles de cet élixir
le mien, bien sûr
mon vagin régurgite sans cesse
impossible d'arrêter ce déluge
fais-moi crier encore et encore
Si tu savais comme j'aime gémir
puis jouir
si tu savais comme je me sens libre
le temps s'arrête
moment d'ivresse
une secousse qui passe
vibration
se sentir en vie
perdre le contrôle de mon moi
à cause de toi
à cause de toi, je te dis
Je cherche mes mots
mon âme s'est égarée
je la cherche aussi
Je libère tes poignets
tu claques mon cul
je caresse tes cheveux
mes mains glissent vers le bas
mes ongles laissent leurs empreintes
sur tes épaules
sur ton torse
sur ton ventre
Tu t'enfonces en moi
me faire défoncer
j'adore
moi gourmande
encore ces cris qui sortent de moi
la paume de ta main sur ma bouche
je n'aime pas qu'on m'entende
Je suis femme secrète
on pense me connaître
ils ont tout faux
ou presque
tu m'as deviné
Allez, tais-toi et fais-moi la baise
ne t'arrête surtout pas.
Miss Cabotine
Vingt-six octobre 2014
Correspondance entre lui et moi
Ô toi mon amour
En amour ce qui restera éternel, c'est le souvenir des échanges et des partages.
Alors je t'écris, pour garder une trace vivante de toutes nos rencontres.
[Jacques Salomé]
Il n'appartient qu'aux grands poètes (eux seuls possèdent le don prodigieux de l'émerveillement) de toujours faire étinceler l'éclatante beauté du langage du coeur, ce malgré la guerre et le désarroi.
Guillaume Apollinaire (1880-1918) insère des poésies magnifiques et puissantes dans sa correspondance avec Louise Coligny-Châtillon, rencontrée dans une fumerie d'opium fin septembre 1914. Elle se détache très rapidement du poète qui se désespère de cet abandon et lui dédie nombre de mélancoliques poèmes. Ils ont une dernière entrevue fin mars 1915 s'accordant alors sur l'idée de prolonger par lettres leur aventure sensuelle. Son imagination débordante trouve là un nouveau terrain d'exercice conforme à cet érotisme qui est une des tendances profonde de sa nature intellectuelle.
A.
Dans sa lettre du 3 juin 1915, voici :
LOU MON ÉTOILE
L'étoile nommée Lou est aussi belle aussi voluptueuse qu'une jolie fille vicieuse
Elle est assise dans un météore agencé comme une automobile de luxe
Autour d'elle se tiennent les autres étoiles ses amies
Autour de l'automobile stellaire s'étend l'infini éthéré
Les planètes rutilantes se montrent tour à tour comme des déesses callipyges sur l'horizon
La voie Lactée monte comme une poussière derrière
Le météore automobile
Des guirlandes d'astres décorent l'infini
Le météore automobile luxueux et architectural
Comme un palais
Est monté sur un bolide énorme qui tonne à travers les cieux qu'il sillonne d'éclairs
Versicolores et durables comme de merveilleux feux de Bengale
Et doux comme des baisers éternels
Et des rayons de soleil ombragent
Ainsi de beaux arbres
Printaniers
La route diaphane
Ô Lou étoile nommée Lou la plus belle des étoiles
Ô reine des étoiles
Ton royaume s'étend en plaines animées comme les oiseaux
En plaines mouvantes comme un régiment
De fantassins nomades
Étoile Lou beau sein de neige rose
Petit nichon exquis de la douce nuit
Clitoris délectable de la brise embaumée d'Avant l'Aube
Les autres astres sont ridicules et sont les bouffons
Ils jouent pour toi des comédies
Fantasmagoriques
Ils font les fous pour l'Étoile nommée Lou ne s'embête pas
Et parfois les nuits sont mortelles
L'étoile nommée Lou
Traverse des prairies d'asphodèles
Et des fantômes infidèles
Pleuvent dans les abîmes autour d'elle
Mais cette nuit est si belle
Je ne vois que l'étoile que j'aime
Elle est la splendeur du firmament
Et je ne vois qu'elle
Elle est un petit trou charmant aux fesses des nuages
Elle est l'étoile des Étoiles
Elle est l'étoile d'Amour
Ô nuit ô nuit dure toujours ainsi
Mais voici
Les gerbes des obus en déroute
Qui me voilent
Mon étoile
Je baisse les yeux vers les ténèbres de ma forêt
Et mon intelligence amoureuse
Devient l'oiseau
Pour aller revoir plus haut plus haut
Plus haut toujours
Ce petit coeur bleuâtre
Qu'est mon étoile nommée Lou
Ma douce étoile qui fait vibrer au ciel
Des mots d'amour exquis
Qui viennent en lents airs dolents qui correspondent nuance à nuance à chaque chose que je pense
Étoile Lou fais-moi monter vers toi
Prends-moi dans ta splendeur
Que je sois ébloui et presque épouvanté
Que l'espace bleu se creuse à l'infini
Que l'horizon disparaisse
Que tous les astres grandissent
Et pour finir fais-moi pénétrer dans ton paradis
Que j'éprouve une sensation
De bien-être inouï
Que j'absorbe par toute ma chair toute mon âme
Ta lumière exquise
Ô mon paradis
Ce poème me fut dédié la nuit du treize novembre 2014 par A.
Lui mon poète
Moi sa muse
Lui ma folie
Moi sa callipyge
Lui mon âme érotique
Moi sa magnifique garce
Miss Cabotine
Correspondance entre lui et moi